Au cœur de Lille, perché à 28 mètres au sommet de l’Hôtel académique, l’observatoire de l’Université Catholique de Lille renaît après plus de 30 ans d’oubli. Inauguré en 1889, ce lieu chargé d’histoire scientifique retrouve aujourd’hui sa place dans le paysage universitaire et culturel grâce à une ambitieuse restauration à l’occasion des 150 ans de l’université. Symbole de transmission des savoirs et d’ouverture sur l’infini, il est à nouveau prêt à accueillir passionnés, chercheurs et étudiants.
Un édifice visionnaire au service des sciences
Dès les débuts de la Faculté libre des Sciences en 1877, l’astronomie occupe une place de choix grâce à l’abbé Eugène-Marie Stoffaës. Ancien élève et devenu professeur, il initie un enseignement novateur mêlant théorie et observation pratique et pilote ce projet d’observatoire. Face au besoin d’un lieu d’expérimentation, Monseigneur Louis Baunard, recteur de l’université, fait appel à l’architecte Louis Dutouquet, qui conçoit une coupole rotative en acier de 4,6 mètres de diamètre. Équipée d’une lunette de 230 mm, elle permet des observations à 360° jusqu’aux monts des Flandres.
Une histoire mouvementée
L’observatoire traverse les époques, mais non sans heurts. Réquisitionné par les Allemands pendant la Première Guerre mondiale, il reste inactif jusqu’aux années 1950. À cette époque, l’Association Astronomique du Nord (AAN), fondée en 1923 par la jeune Reysa Bernson, relance l’activité du site. Lieu de vulgarisation scientifique, il devient un espace dynamique d’observation, de conférences et de partage.
Les années 1980 marquent un âge d’or : plusieurs instruments y sont installés, notamment une lunette Manent de 135 mm appartenant à la famille de Georges Thibaut, mécène passionné d’astronomie. Hélas, en 1992, l’AAN quitte la coupole. Par manque de sécurité, le lieu est condamné et sombre dans l’oubli.
La renaissance d’un patrimoine
C’est lors du projet de rénovation de la toiture en 2023 que la question de la rénovation de l’observatoire se pose. À l’initiative de l’université et soutenu par la Fondation de la Catho de Lille et ses mécènes, un vaste chantier de restauration est lancé. L’objectif : en faire un lieu de médiation scientifique et de formation transversale. La coupole est remise en état, une nouvelle structure technique installée, et un espace adjacent baptisé « Starlab » voit le jour sous la coupole, conçu pour accueillir les publics variés.
Le point d’orgue de cette renaissance est le retour inattendu de la fameuse lunette Manent. Retrouvée grâce à Antoine Flipo, arrière-petit-fils de Georges Thibaut, elle est réinstallée dans l’observatoire en mars 2025, bouclant une boucle symbolique entre passé et avenir.
Un lieu tourné vers les générations futures
L’ambition portée par cette restauration dépasse la seule conservation patrimoniale. Il s’agit de faire de l’observatoire un espace d’inspiration, d’apprentissage et de recherche. L’Université Catholique de Lille entend y croiser disciplines, générations et publics pour transmettre la passion des sciences et des étoiles. L’observatoire devient ainsi un trait d’union entre tradition et innovation, enracinement local et ouverture cosmique.
L’observatoire de l’Université Catholique de Lille est bien plus qu’un édifice restauré : il est le témoin vivant d’un siècle et demi d’histoire universitaire et scientifique. De l’abbé Stoffaës à la famille Thibaut, en passant par les membres de l’AAN, il incarne la persistance d’un rêve commun : comprendre et contempler le ciel. Sa réouverture symbolise une continuité entre les savoirs d’hier et les curiosités de demain, au service d’un avenir éclairé par les étoiles.
