Témoignage de Nordine
Étudiant à l’IESEG et bénéficiaire d’une bourse au mérite en 2024
« Rien ne me prédestinait à réussir. Fils d’immigrés venus en France à 16 ans dans l’espoir d’une vie meilleure, j’ai grandi dans ces quartiers que l’on associe encore à la délinquance ou la violence. Là où tant de regards choisissent de détourner les yeux, la Fondation de la Catho de Lille a su braver les ombres de ce plafond de verre pour m’ouvrir les portes d’un futur ambitieux. La contrainte financière étouffe l’ambition, elle pousse à renoncer avant même d’avoir osé rêver. Cette bourse me permet aujourd’hui d’étudier à Harvard et MIT, alors oui, même pour ceux que l’on oublie, l’excellence n’est jamais hors de portée.
Le changement n’est pas qu’individuel mais universel. Et je porte un message aux futurs bénéficiaires d’une bourse de la Fondation. Comprenez qu’il n’appartient qu’à vous de choisir votre identité. Le monde peut vous dicter bien des choses mais libre à vous de faire vos propres choix. Vous n’êtes pas ce que l’on pense de vous, ni ce que l’on accepte de vous. Faites le choix d’une destinée qui n’est pas condamnée par celles de vos égaux. Vous n’êtes ni les ombres projetées par leurs regards, ni les limites tracées par leurs mots. Vous êtes une force en devenir, une page blanche que personne d’autre ne peut écrire. Cette bourse est l’élan qui vous libère des entraves invisibles qui vous retenaient. Alors je vous en conjure, soyez plus grand que les attentes, plus fort que les doutes, et surtout, soyez pleinement vous.
Longtemps, l’égalité des chances se voulait rester une fable murmurée dans les cercles feutrés, un idéal chimérique que je n’avais jamais vu qu’à travers les mots. La vérité, je la voyais dans les rides de mes parents, creusées par les années de travail à l’usine, dans leurs regards dont la lueur n’est plus que cendres d’un rêve du passé. Une idée que l’on brandit pour calmer les masses, mais qui s’évanouissait face à sa réalité. La valeur de la Fondation réside précisément dans cette rupture : cette notion d’égalité des chances n’est plus celle que la Fondation souhaite aujourd’hui : elle se veut concrète, elle ne se proclame plus, elle agit.
Cher donateur,
Je ne connais ni votre visage, ni votre nom, et pourtant, vous avez bouleversé ma vie.
Le don, pour beaucoup, est un refuge de bonnes actions, un moyen selon son montant, de se délester de nos manquements. Investir dans l’éducation d’une personne que vous ne verrez sûrement jamais en est son antinomique. Il n’y a là ni confort, ni satisfaction immédiate, simplement le geste pur, détaché de toute rédemption. Vous avez choisi d’investir dans l’invisible, dans un avenir sans visage, et c’est précisément cela qui fait la grandeur de votre don. Vous avez semé sans savoir si la récolte viendrait, et pourtant, elle a fleuri. »